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Le Purgatoire Livre II

 

Copie du site : http://eschatologie.free.fr/livres/purgatoirelouvet.htm

 

Chapitre 2 : Où est le purgatoire ?

Au centre de la terre ; Près de l’enfer ; Exceptionnellement sur terre.

Voilà à grand traits l'histoire du culte des morts dans l'Eglise. On voit par là que les définitions du concile de Trente la tradition et les révélations des saints concordent ensemble pour établir d'une manière irréfragable la foi au purgatoire. L'existence du purgatoire une fois bien établie une question fort intéressante se présente : Où est situé le purgatoire ? L'Eglise s'est bien gardée de rien définir à cet égard. Les théologiens abondent chacun dans leur sens. La question est parfaitement libre. J'essayerai donc à l'aide du raisonnement, appuyé sur les révélations des saints, d'établir ce qui me parait le plus probable. La tradition de tous les peuples, les enseignements des anciens docteurs, l'étymologie même du mot placent l'enfer au centre de la terre. sainte Françoise Romaine, dans ses révélations, nous apprend que le purgatoire est un simple département de l'enfer. Selon elle, l'enfer est divisée en quatre compartiments ou zones. Au centre même est le séjour des damnés ; puis en s’approchant de la surface du globe, on rencontre le purgatoire, le limbe des anciens patriarches, et enfin le limbe des petits enfants morts sans baptême. Tout ceci est parfaitement conforme au sentiment de saint Thomas d'après lequel le feu du purgatoire est le même que celui de l'enfer. D’ou il s'ensuit que le purgatoire et l'enfer sont voisins. Ce sentiment s'accorde très bien avec les données de la science moderne sur le feu central.

Il faut admettre néanmoins qu'il y a des exceptions et que la justice de Dieu permet quelquefois que l'expiation d'une âme se fasse aux lieux mêmes ou elle a péché(Illust. miracula, lib. XXVIII, cap. XXXVI). D'autre fois, surtout pour ceux qui sont morts de mort violente, il parait que c'est au lieu même ou ils ont été tués que se fait l'expiation. Les légendes de tous les grands champs de bataille, de tous les endroits où le sang a coulé par le crime, nous parlent de voix plaintives entendues la nuit pour demander des prières. En faisant aussi large que l'on voudra la part de la superstition et de la frayeur, il me paraîtrait dur de rejeter en bloc tous les faits de ce genre que l'on rapporte d'autant plus qu'un bon nombre ont pour garants des auteurs sérieux . C'est ainsi que Trithème dans sa CHRONIQUE (année 8), raconte l'histoire de nombreux soldats apparaissant à des religieux sur le champ de bataille où ils étaient tombés pour réclamer des prières et dans un ouvrage plus récent la Vie du P. Joseph Anchieta surnommé, à cause de son zèle apostolique, l'apôtre du Brésil, on voit de malheureux assassinés se dresser sur le bord du lac ou leurs dépouilles avaient été jetées pour réclamer les prières du saint prêtre.

Faut-il en conclure qu'il n'y a pas de lieu spécial assigné à la purification des âmes ? Ce serait aller trop loin et généraliser des exceptions. Le très grand nombre des révélations qui concernent le purgatoire assigne aux âmes qui y sont condamnées un lieu spécial ou elles sont réunis pour souffrir et pour expier. Un très grand nombre d'autres révélations assignent à ce lieu les entrailles de la terre. L'Eglise semble insinuer cette opinion dans sa liturgie quand elle demande pour les défunts, que la miséricorde de Dieu les arrache des portes de l'enfer (A porta inferi erue, Domine, animas eorum) et quand elle leur fait pousser leurs gémissements des profondeurs de l'abîme De profundis clamavi ad te domine.

Nous conclurons donc avec saint Thomas "que quant au lieu du purgatoire, il n'y a rien d'expressément déterminé dans l'écriture et l'on ne peut à ce sujet apporter de raisons décisives. Cependant, il est probable et tout à fait conforme au sentiment des saints et aux révélations faites à plusieurs que le lieu du purgatoire est double. Le premier et c'est la loi commune, est voisin de l'enfer en sorte que c'est le même feu qui tourmente les damnés dans l'enfer et qui purifie les justes dans le purgatoire. Le second lieu du purgatoire n'existe que par une sorte de dispense et c'est ainsi que nous lisons que des âmes ont été punies en différents lieux soit pour l'instruction des vivants soit pour le soulagement des morts qui sont mis ainsi en état de réclamer nos suffrages et de voir diminuer leurs peines " (IIIa parte, in suppl. De Purgat., art. 2.)

A Bruxelles, on voit se former une congrégation dont le but est de prier pour la délivrance des âmes du purgatoire car, disent les statuts de cette association, s’il y a dans l’Église des ordres religieux très saintement établis pour la rédemption des captifs, à combien plus forte raison doit-il y avoir des congrégations et des confréries qui s’emploient non pas à tirer des fers les corps des chrétiens mais à délivrer leurs âmes du purgatoire. Ces pieuses confréries se multiplient en France, en Espagne, par tout le monde chrétien et partout elles sont enrichies de privilèges et de nombreuses indulgences par les Evèques et les Souverains Pontifes. Notre dix-neuvième siècle qui a tant de misères morales et qui malgré cela ou peut-être à cause de cela restera le siècle des bonnes œuvres, n’a pas voulu demeurer en arrière de ce magnifiques mouvement. Jamais peut-être les personnes pieuses n’ont davantage prié pour les morts. La pratique du voeu héroïque en faveur des défunts, pratique qui n’existait guère qu’à l’état d’exception, s’est si bien généralisée qu’on a vu des communautés entières faire ainsi aux défunts l’abandon de tout le mérite, de leurs bonnes œuvres. En beaucoup d’endroits s’est établi l’usage de consacrer le mois de novembre tout entier au soulagement des âmes du purgatoire. Enfin, dans ces dernières années, un ordre religieux s’est formé dont le but est de procurer par la prière et le sacrifice le soulagement de ces pauvres âmes. On lira avec intérêt dans l’excellent petit livre du P. Blot intitulé les Auxiliatrices du purgatoire, l’histoire de cette nouvelle famille religieuse dont les débuts eurent l’honneur d’être inspirés soutenus et bénis par le saint curé d’Ars fin 1840.

En voilà assez pour prouver que, si les impies cherchent à effacer parmi le souvenir des morts, si les indifférents les oublient facilement et ne s’occupent guère de prier pour eux, Dieu a voulu remédier à ce mal en suscitant des âmes généreuses qui ont adopté pour ainsi dire ces déshérités du purgatoire et qui ont entrepris de faire pour ceux que l’on oublie si vite ce que chaque famille faisait pour les siens aux ages de foi.