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Padre
Pio
Padre Pio est le nom d'un capucin et
prêtre italien né Francesco
Forgione, le 25 mai 1887 àPietrelcina (province
de Bénévent, en Campanie, Italie),
mort le 23 septembre 1968 à San
Giovanni Rotondo (province
de Foggia dans les Pouilles en
Italie).
Il fut connu pour être le premier prêtre et l'un des rares hommes à qui la tradition attribue
desstigmates,
bien que l'origine miraculeuse de ces plaies soit sujette à polémique. Il a été canonisé par
l'Église
catholique romaine le 16 juin
2002 sous le nom de Saint Pio de
Pietrelcina.
Le petit Francesco connut des
apparitions dès l’enfance. Croyant
que cela arrivait à tout le monde, il n’en parlait pas. Des
anges, des saints et même Jésus et la Vierge Marie lui apparurent. Quelquefois,
il avait des apparitions de démons. Aux derniers jours de décembre 1902,
alors qu’il était en discernement de vocation, Francesco eut une vision. Voici
comment, longtemps plus tard, son confesseur décrivit la vision: «Francesco
eut une vision suivie de combats réels avec le démon. À
maintes reprises, il dut affronter l’ennemi des âmes pour arracher ces
dernières à son emprise.» Un soir, Francesco se reposait dans une chambre
d’invités, au rez-de-chaussée du couvent. Il
était étendu sur un lit quand un homme d’une grande beauté, majestueux et
resplendissant, lui apparut. L’homme le prit par la main et lui dit:
«Suis-moi: le moment est venu
pour toi d’affronter le guerrier infatigable». Francesco
fut alors transporté à la campagne, en un site très vaste où il se trouva
parmi une multitude d’hommes divisée en deux groupes: un
groupe d’hommes aux visages très beaux, portant des
vêtements d’un blanc éclatant; et un autre groupe d’hommes d’aspect
repoussant, vêtus d’habits noirs comme les ténèbres. Francesco vit approcher
un grand homme au visage effroyable et si grand que son front frôlait les
nuages. L’homme resplendissant
qui était apparu à Francesco l’enjoignit d’affronter le personnage
monstrueux. Francesco demanda
d’être préservé de la fureur du personnage étrange, mais l’homme
resplendissant refusa: «Inutile
de résister: avec celui-ci, il
faut combattre. Aie courage, engage-toi avec confiance, lutte
courageusement, sachant que je serai près de toi, que je t’assisterai et que
je ne permettrai pas qu’il l’emporte.» Le
combat fut terrible. Cependant, aidé de l’homme resplendissant, Francesco
triompha. Contraint de fuir, le
personnage monstrueux se traîna derrière la foule d’hommes sinistres, au
milieu de cris, d’imprécations et de hurlements assourdissants. Le
groupe vêtu de blanc applaudit et loua celui qui avait assisté le pauvre
Francesco en si rude combat. L’homme
resplendissant posa sur la tête de Francesco une couronne d’une beauté
indescriptible. Mais presque aussitôt, la lui retirant, il lui dit: «Je
te réserve une autre couronne, encore plus belle que celle-ci, si tu sais
lutter contre celui que tu viens de vaincre. En
effet, il reviendra toujours à la charge. Tu
combattras vaillamment, sans douter de mon aide ... sans t’effrayer de sa
présence ... Je serai près de
toi et t’assisterai toujours, pour que tu triomphes de lui.» |
Un soir, Padre Pio se reposait. Seul,
il était étendu depuis peu sur un lit de sangles, quand lui apparut un homme
drapé dans un manteau noir. Surpris,
Padre Pio se leva et lui demanda son nom et le motif de sa visite. L’inconnu
répondit qu’il était une âme du purgatoire: «Je
m’appelle Pietro Di Mauro. J’ai péri dans un incendie, le 18 septembre 1908,
dans ce couvent transformé en centre d’hébergement pour personnes âgées,
après l’expropriation des biens ecclésiastiques. Surpris
dans mon sommeil, j’ai été la proie des flammes. Je
viens du purgatoire: le Seigneur
m’a permis de venir vous demander de célébrer à mon intention
la sainte messe, demain matin. Grâce
à votre prière, je pourrai entrer en Paradis.» Padre
Pio l’assura qu’il célébrerait la messe à son intention ... Voici
ses mots: «Je voulus le
raccompagner à la sortie du couvent. Je constatai que je m’étais entretenu
avec un défunt seulement quand, sur le parvis, l’homme disparut. J’avoue
être rentré au couvent plutôt effrayé. Notre
supérieur, abbé Paolino de Casacalenda, avait remarqué mon agitation, aussi
lui racontai-je ce qui venait d’arriver et lui demandai-je la permission de
célébrer la sainte messe à l’intention de cette âme. Quelques
jours plus tard, abbé Paolino, intrigué, se rendit au bureau de l’état civil
de la commune de San Giovanni Rotondo, où il demanda et obtint la permission
de consulter le registre des décès pour le mois de septembre 1908, où
figuraient les nom et prénom du défunt, de même que la cause du
décès: «Le 18 septembre 1908, dans l’incendie de l’hospice, Pietro Di Mauro,
fils de Nicola, a trouvé la mort.» |
À San Giovanni Rotondo,
Cleonice Morcaldi, fille spirituelle de Padre Pio, dont la mère était
décédée depuis un mois, terminait sa confession lorsque Padre Pio lui dit: «Ce
matin, ta maman s’est envolée au Paradis: je
l’ai vue pendant que je célébrais la messe.» |
Cet autre épisode fut raconté
par Padre Pio à l’abbé Anastasio. «Un
soir, pendant que je priais, seul au sanctuaire, j’entendis un bruissement;
je vis ensuite un jeune moine affairé autour du maître-autel, époussetant
les candélabres et rangeant les porte-bouquets. J’étais
convaincu que c’était le moine Leone. Comme c’était l’heure de dîner, je
m’approchai de la balustrade et lui dis: «Le
moine Leone va-t-il dîner? Ce
n’est plus l’heure d’épousseter et de ranger l’autel.» Une
voix, qui n’était pas celle du moine Leone, me répondit: «Je
ne suis pas le moine Leone.» Qui
donc es-tu? lui demandai-je. Il
me répondit: «Je suis votre confrère; j’ai fait mon noviciat ici. Par
obéissance, je dois tenir le maître-autel propre et y mettre de l’ordre
pendant un an. En de nombreuses
occasions, malheureusement, j’ai manqué de respect envers Jésus, au Saint
Sacrement, en passant devant l’autel sans m’incliner. Par
suite de ce manquement, je suis encore en purgatoire. Dieu, dans sa bonté
infinie, m’envoie chez vous parce que vous êtes en mesure d’établir jusqu’à
quand je devrai souffrir dans ces flammes d’amour. Je
me recommande à vous ...» Pensant
me montrer généreux envers cette âme souffrante, je lui dis: «Tu
resteras jusqu’à demain matin, à l’heure de la messe conventuelle.» Mais
l’âme s’écria: «Cruel!», puis
disparut. Je ne pourrai jamais
oublier ce cri, qui m’atteignit au cœur. En
effet, au lieu d’obtenir aussitôt à cette âme le Paradis, je l’ai condamnée
à une autre nuit de purgatoire.» |
Padre Pio a connu des
apparitions pratiquement chaque jour et l’on s’accorde à dire qu’il vivait
en deux mondes: l’un, visible,
et l’autre, invisible ou surnaturel. |
Padre Pio faisait part de ses
expériences à ses directeurs spirituels. Dans
sa lettre du 7 avril 1913 à l’abbé Augustin, il écrivit: «Vendredi
matin, j’étais au lit quand Jésus m’est apparu. Il
était triste et défiguré. Il m’a
fait voir une multitude de prêtres, dont plusieurs dignitaires
ecclésiastiques; certains étaient en train de célébrer l’Eucharistie,
d’autres revêtaient leurs ornements sacerdotaux, d’autres les retiraient.
Peiné de voir souffrir Jésus, je lui demandai pourquoi il souffrait tant. Sans
me répondre, Il tourna mon regard vers ces prêtres. Peu
après, presque horrifié et comme las de regarder, Il ne regarda plus les
prêtres, mais posa son regard sur moi. Je
vis couler des larmes sur son visage. Il
s’éloigna de cette foule de prêtres avec une expression de dégoût sur le
visage, s’écriant: «Bouchers!» Puis,
se tournant vers moi, Il me dit: «Mon
fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non; à cause
de ces âmes pour lesquelles j’ai souffert, je serai en agonie jusqu’à la fin
du monde. Pendant ce temps
d’agonie, mon fils, il ne faut pas dormir. Mon
âme a soif de pitié humaine, mais, hélas! ils
me laissent porter seul le poids de leur indifférence. L’ingratitude et
l’apathie de mes ministres me rendent l’agonie plus amère. Hélas!
comme ils correspondent mal à mon amour! Ce
qui me tourmente le plus est qu’ils ajoutent à l’indifférence le mépris et
l’incrédulité. J’aurais voulu les foudroyer si je n’avais été retenu par les
anges et par les âmes que vous attirez à moi ... Écris
à ton directeur spirituel et raconte-lui ce que tu as vu et entendu de moi
ce matin. Demande-lui de faire
lire ta lettre au père provincial.» Jésus
m’a dit autre chose mais, ce qu’Il m’a dit, je ne puis le divulguer.»
(PADRE
PIO DA PIETRELCINA: Epistolario I° (1910-1922) a cura di Melchiorre da
Pobladura e Alessandro da Ripabottoni - Edizioni "Padre Pio da Pietrelcina"
Convento S.Maria delle Grazie San Giovanni Rotondo - FG) |
Lettre du 13 février 1913 à le
père Augustin: Jésus
me répète: « ... Ne
crains pas si je te fais souffrir: je
te donnerai aussi la force. Je
désire que ton âme, grâce au martyre quotidien caché, soit purifiée et
éprouvée; ne t’effraie pas de moi si je permets au démon de te tourmenter et
au monde de te dégoûter, car rien ne prévaudra contre ceux qui gémissent
sous la Croix pour mon amour et que j’ai décidé de protéger.»
(PADRE
PIO DA PIETRELCINA: Epistolario I° (1910-1922) a cura di Melchiorre da
Pobladura e Alessandro da Ripabottoni - Edizioni "Padre Pio da Pietrelcina"
Convento S.Maria delle Grazie San Giovanni Rotondo - FG) |
Lettre du 18 novembre 1912 à le
père Augustin: « ... Jésus,
sa Mère chérie, l’angelot avec les autres, m’encouragent et me répètent que
la victime, pour être considérée telle, doit perdre tout son sang.»
(PADRE
PIO DA PIETRELCINA: Epistolario I° (1910-1922) a cura di Melchiorre da
Pobladura e Alessandro da Ripabottoni - Edizioni "Padre Pio da Pietrelcina"
Convento S.Maria delle Grazie San Giovanni Rotondo - FG) |
Lettre du 12 mars 1913 à le
père Augustin: ... J’ai
entendu, mon père, les justes plaintes de notre doux Jésus: «Mon
amour pour les hommes est repayé d’ingratitude! J’aurais
été moins vexé si je les avais moins aimés. Mon
Père ne veut plus les supporter. Je
voudrais cesser de les aimer, mais ... (ici,
Jésus soupira …) mais hélas! Mon
cœur est fait pour aimer! Les
hommes lâches et fatigués ne font aucun effort pour résister aux tentations,
ils se délectent dans leur iniquité. Les
âmes que je préfère, celles que j’éprouve, viennent moins à moi; les faibles
abandonnent dans l’effarement et dans le désespoir; les âmes fortes se
laissent gagner peu à peu. Ils
me laissent seul la nuit et seul le jour, dans les églises. Ils
ne se nourrissent plus au sacrement de l’autel; ils ne parlent jamais de ce
sacrement d’amour; ceux qui en parlent le font avec beaucoup d’indifférence
et de froideur. On oublie mon
cœur; personne ne se nourrit plus de mon amour; je suis toujours triste. Ma
maison est devenue pour beaucoup un théâtre d’amusements; aussi mes
ministres, que j’ai toujours aimés avec prédilection, que j’ai aimés comme
la prunelle de mes yeux, devraient réconforter mon cœur plein d’amertume et
devraient m’aider dans la rédemption des âmes. Or,
qui l’aurait cru? D’eux, je
reçois de l’ingratitude. Je
vois, mon fils, nombre de ceux-ci qui ..., il s’arrêta ici, des sanglots lui
serrèrent la gorge, il pleura en secret … que
sous d’hypocrites aspects me trahissent par des communions sacrilèges, au
mépris de la lumière et des forces que je leur ai prodiguées.» |
Trop maladif pour être cultivateur comme son père, sa mère voit en lui un futur
prêtre. Francesco rejoint l'Ordre
des frères mineurs capucins le22 janvier 1903 à Morcone.
En raison de sa santé fragile, il retourne dans sa famille, puis est envoyé dans
divers couvents.
Le novice capucin prononce ses vœux
solennels le 27 janvier 1909.
Au mois de décembre 1908, il reçoit la tonsure, les ordres mineurs et le
sous-diaconat dans lacathédrale
de Bénévent. Le 18 juillet 1909, il est nommé diacre dans
le couvent de Morcone et
prend alors le nom de frère Pio, en hommage au papePie
V5.
Il est ordonné prêtre
à la cathédrale
de Bénévent le 10 août 1910 et
nommé à Santa Maria degli Angeli de
Pietrelcina6.
Dès 1911,
il signale à son confesseur l'apparition depuis un an de signes rouges et de
douleurs vives aux mains et aux pieds7.
Il est à partir du 4 septembre 1916 au
couvent deSan
Giovanni Rotondo8.
Le Padre Pio se réveillait à l'aube pour lire le bréviaire. Cinq stigmates
visibles, qui ont fait l'objet de plusieurs rapports médicaux, lui sont apparus
le 20 septembre 1918.
Pendant la Première
Guerre mondiale, il sert comme infirmier dans le corps médical italien (1917–1918).
C'est pendant la guerre que se situe un événement raconté par le bénéficiaire
lui-même. Le 24 octobre 1917, une attaque surprise des Autrichiens et des
Allemands ayant percé les lignes italiennes et causé le désastre de Caporetto (Kobarid),
le général Luigi
Cadorna, commandant en chef et soldat valeureux, fut limogé. Retiré au
palais de Zara,
à Trévise,
très marqué par sa défaite, il décida d'en finir et, s'apprêtait à tirer le coup
de revolver fatal, lorsqu'il vit soudain entrer dans son bureau un moine capucin
qui le convainquit de ne pas attenter à sa vie. Une fois le religieux reparti
aussi soudainement qu'il était apparu, Cadornatança
les gardes en faction, leur reprochant d'avoir laissé passer sans l'annoncer un
moine inconnu de tous. Les soldats jurèrent leurs grands dieux qu'ils n'avaient
vu personne entrer ou sortir ! Plusieurs années plus tard, le général voyant une
photo de Padre Pio dans un journal, reconnut le capucin qui lui avait sauvé la
vie par des paroles de réconfort, un soir de novembre 19179.
On a dit qu’il avait le don de lire dans les âmes qu’il confessait.
On dit aussi qu’il annonça à l’avance la résurrection d’une femme vivant à San
Giovanni Rotondo. Cette femme s’appelait Paolina. Vers la fin du carême, elle
tomba gravement malade. Son mari, et leurs cinq fils se rendirent au couvent.
Ils supplièrent le Père Pio, les 2 plus jeunes enfants s'agrippant au froc du
moine. Bouleversé, celui-ci promit de prier pour Paolina. Au début de la Semaine
Sainte, il dit « Elle ressuscitera le jour de Pâques ». Le Vendredi Saint,
Paolina perdit connaissance. Le Samedi saint, elle tomba dans le coma, puis ne
bougea plus pendant plusieurs heures, si bien que l'on crut qu'elle était morte.
Le lendemain, alors que le Père Pio célébrait la messe de Pâques, Paolina se
redressa sans aide sur son lit10.
Le 5 août 1918,
tandis qu'il confessait les jeunes scolastiques de son couvent, le Padre Pio
manifeste des symptômes ou des signes faisant référence à la transverbération :
son cœur est transpercé par un dard spirituel avec saignement réel. Selon la tradition,
sa stigmatisation complète a lieu le20 septembre 1918,
des stigmates (plaies
du Christ sanguinolentes aux mains, aux pieds et au thorax comme les cinq plaies
du Christ), qu'il cherche à cacher avec des mitaines11,A
1.
Il donne le témoignage suivant des évènements : « Je
vis devant moi un personnage mystérieux dont les mains, les pieds, la poitrine,
ruisselaient de sang. Je sentis mon cœur blessé par un dard de feu... Ce
personnage disparut de ma vue et je m'aperçus que mes mains, mes pieds, ma
poitrine étaient percés et ruisselaient de sang ! »11.
La description qu'il fait de ses propres transports mystiques ressemble aux
œuvres de Gemma
Galgani12.
Certains parlent de plagiat.
Dans les premiers jours Padre Pio cherche à dissimuler les plaies, mais les
femmes qui suivent sa direction spirituelle voient les plaies et ébruitent la
nouvelleA
2. De même les jeunes qu'il enseigne perçoivent aussi des cicatrices
sur les mains de Padre PioA
1. Le 9 mai 1919, le premier journal Il
Giornale d'Italia parle des « miracles » du
Padre PioA
3. Le 25 mai 1919, une revue locale publie la nouvelle en intitulant « Le
Saint de San Giovanni Rotondo »A
3. Au mois de juin 1919, trois journaux dont Il
Mattino, principal journal de Naples, reprennent l'information en parlant
des miracles qu'opère le thaumaturge Padre
PioA
4. La notoriété, non voulue par Padre Pio et encore moins par ses
supérieurs qui avaient imposé toute discrétion aux frères du couvent, contribue
à faire venir de plus en plus de monde auprès du monastèreA
5. Les premières interprétations médicales se font autour du cas de
Padre Pio, dont le Professeur Enrico Morrica, qui n'a pas vu Padre Pio,
interprète les miracles de Padre Pio comme du « magnétisme
animal » issue de « dangereux
phénomènes morbides de psychologie collective »A
6.
Face aux nouveaux évènements le supérieur des capucins ainsi que le Saint-Office décident
de faire ausculter Padre Pio afin de savoir l'origine naturelle ou surnaturelle
des prétendus stigmatesNote
2,A
7. Les théories naissantes sur l'hystérie et
l'école de l'idéoplastie sont
alors mis en avant par les sceptiques pour nier le caractère surnaturel des
stigmates. Plus de trois médecins ausculteront les plaies de Padre Pio : le
docteur Luigi Romanelli, chef de l'hôpital de Barletta, le Docteur Angelo Maria
Merla, maire de la commune, socialiste et agnostique. Les auscultations
conduisent à lever toute idée d'automutilation et arrivent à « la
conclusion que le fait constitue en soi un phénomène que n'est pas capable
d'expliquer la seule science humaine »A
8. Le Saint-Office fait envoyer le 12 et 13 juillet 1919 le professeur Amico
Bignami, positiviste qui ausculte à son tour Padre Pio. Très sceptique, les
conclusions qu'il donne sont différentes des deux autres médecins. Même s'il
constate que les plaies de Padre Pio ont des caractéristiques « qu'il
est impossible d'expliquer à partir des connaissances que nous possédons
relativement aux nécroses névrotiques, et la localisation parfaitement
symétrique des lésions décrites, et leur persistance sans modification notable,
au dire du malade », il conclut à la possibilité que les plaies soient « pour
partie le résultat d'un état morbide, pour partie artificielles »A
9.
Les soupçons d'imposture sont tels que le Saint-Office tient
Padre Pio pour un « phénomène de cirque » dont profitent ses frères capucins,
par le biais de la crédulité publique, pour attirer des pélerins et recueillir
des fonds considérables. Outre ces malversations financières vertigineuses des
capucins, Padre Pio est accusé d'être l'allié
des fascistes qu'il bénit alors
que les affrontements entre communistes, socialistes et fascistes lors des
élections municipales à San
Giovanni Rotondo le 14 octobre 1920 provoquent
la mort de onze « rouges » par un commando proto-fasciste14.
À la suite de ces événements, le dirigeant fasciste local Giuseppe
Caradonna (it) apporte
son soutien à Padre Pio et les éditions de son parti éditent les premiers
ouvrages sur le saint.
Le 14 juillet 1933 le Saint-Office autorise
à nouveau le Padre Pio à célébrer des messes publiques et à entendre des confessions.
Le 10 janvier 1940,
il ébauche les plans pour une Casa
Sollievo della Sofferenza « Maison
pour soulager la souffrance ». L'hôpital ouvre en 1944,
mais l'inauguration officielle n'a lieu que le 5 mai 1956.
À la même époque, le Padre Pio fonde des Groupes
de prière afin de guérir et
soulager les âmes.
Dès 1947,
des mesures sont à nouveau prises à San
Giovanni Rotondo suite à la
visite du père général de l'ordre des Capucins, qui constate un certain désordre
liturgique à cause de la piété excessive de certains fidèles. En 1947, le jeune
père Karol Wojtyla lui rendit visite.
À partir des années 1950 un immense scandale financier secoue le monde
catholique italien. Des fonds ont été détournés pour des profits personnels et
d'autres ont été placés à perte dans les magouilles du banquier Giuffré 32:
les Capucins, comme beaucoup d'autres, sont en faillite. Padre Pio n'est pas mis
en cause dans cette affaire et il est ainsi relevé de ses vœux de pauvreté afin
d'avoir toute liberté de gérer les fonds de ses fidèles pour laCasa Sollievo
della Sofferenza. Il devait alors subir maintes brimades et persécutions de
ses pairs qui tentaient de s'approprier son "trésor".
En avril 1960, le pape Jean
XXIII apprend que des microphones
ont été installés autour du stigmatisé dans le couvent et dans son confessionnal33.
le souverain pontife ordonne une enquête plus approfondie de Padre Pio, en
envoyant Mgr Carlo
Maccari (it),
chef du second bureau du vicariat de Rome. Du 30 juillet au 2 octobre 1960, ce
visiteur apostolique examine les troubles et constate une dévotion excessive
amenant un commerce d'objets touchant Padre Pio, tels que des morceaux de tissus
prétendument imbibés du sang des stigmates25.
Suite à cette visite, le Saint-Office entreprend
de limiter les apparitions publiques du Padre Pio qui a acquis une renommée en
tant qu'ouvrier de miracles,
œuvrant jusqu'à 19 heures par jour au sein de son église. En novembre 1961, le
Supérieur de l'Ordre demande à Padre Pio de restituer les fonds des fidèles afin
de renflouer les caisses, ce qu'il fit34.
En 1962, l'archevêque de Cracovie, Mgr Karol
Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II, écrit une lettre en latin au Padre Pio pour
lui demander de prier pour une mère de 4 enfants atteinte d'un cancer, Wanda
Poltawska. Le Padre Pio dit qu'il ne pouvait pas refuser. Quatre jours plus
tard, Wanda Poltawska est guérie35.
Ce n'est qu'à la demande expresse du pape Paul
VI, qu'il est à nouveau pleinement autorisé à effectuer son office sans
restriction, à partir du30 janvier 1964.
Le 7 juillet 1968,
le Padre Pio est victime d'une attaque. Le 22 septembre 1968,
il célèbre la messe solennelle du cinquantenaire de ses stigmates qu'il exprime
ainsi :
« Cinquante ans de vie religieuse, cinquante ans cloué
à la croix, cinquante ans de feu dévorant pour toi, Seigneur, pour les êtres que
tu as rachetés. »3 .
Le soir même il reçoit l'extrême
onction et s'éteint quelques
heures plus tard, à 2h30 le matin du 23 septembre 1968.
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