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Notre Dame de Berico
Une femme de presque soixante-dix ans, Vincenza Pasini, qui montait tous les matins au monte Berico. Elle apportait à manger à son mari, maître Francesco di Giovanni da Montemezzo, qui était marangone, autrement dit menuisier, de son métier, mais qui cultivait là-haut un petit carré de vigne. Les deux vieux époux étaient originaires de Sovizzo, un petit centre à quelques kilomètres de Vicence. Ils étaient venus vivre en ville depuis quelques années et habitaient à Borgo Berga, sur les pentes du monte Berico, face à l’église d’Ognissanti. Le Codice1430 rapporte que Vicenza menait vie simple et honnête, dans la dévotion au Seigneur et à sa Sainte Mère pour laquelle elle avait une dévotion particulière. Ses journées étaient rythmées par un grand nombre de prières et de bonnes œuvres, et sa présence à l’église et aux offices liturgiques et tout spécialement la charité qu’elle manifestait à l’égard de tous faisaient d’elle une chrétienne vraie et authentique.
Vincenza répondit alors en pleurant de joie, à genoux devant la Vierge: «Mais le peuple ne me croira pas. Et où trouver, ô Mère glorieuse, l’argent pour faire ces choses?». «Tu insisteras», répondit la Vierge, «pour que le peuple exécute ma volonté, sinon il ne sera jamais délivré de la peste et tant que les gens n’obéiront pas, ils verront mon fils irrité contre eux». Et elle poursuivit: «Pour preuve de ce que je dis, qu’ils creusent ici et de la roche vive et aride jaillira l’eau, et à peine la construction sera-t-elle commencée que l’argent ne manquera pas». Et tout en parlant elle marqua sur la terre, avec un rameau d’olivier en forme de croix le lieu et même la forme de l’église à construire. Elle planta ensuite le rameau en terre, à l’endroit précis où se trouve aujourd’hui le maître-autel du sanctuaire. Mais elle n’avait pas fini. «Tous ceux qui visiteront cette église avec dévotion», ajouta-t-elle, «à l’occasion de mes fêtes et de lors du premier dimanche de chaque mois recevront en don l’abondance des grâces et de la miséricorde de Dieu ainsi que la bénédiction de ma main maternelle».
![]() À gauche, la statue de la Vierge du sanctuaire de monte Berico. La tradition l’attribue à Nicolò da Venezia. Sculptée entre 1428 et 1430, elle est placée depuis les origines du sanctuaire sur le maître-autel. Elle a été couronnée le 25 août 1900 par le patriarche de Venise Giuseppe Sarto, futur pape saint Pie X. Après une série de tentatives de vol, une copie de la couronne originaire a été posée sur la tête de la Vierge; ci-dessus, le maître-autel et l’édicule qui abrite la statue de la Vierge Le document qui rassemble
tous les actes de l’enquête raconte encore que deux années plus tard, la Vierge
apparut une nouvelle fois à Vincenza Parisi, très exactement le 1er
août 1428. Prenant pitié de la ville qui était à la dernière extrémité, La
Vierge répéta ce qu’elle avait dit: elle fit la même requête et la même promesse
à la vieille femme. Vicenza descendit en ville et cria à tous, gens du commun et
autorités de la ville, la volonté de la Mère céleste. Et cette fois, on la crut.
La nouvelle que la Vierge était apparue une seconde fois sur le mont s’était
répandue dans la ville en un éclair et beaucoup de gens sortirent alors de
l’enceinte de Vicence pour monter sur la colline. Les personnalités de la ville,
le Conseil des Cent et le Conseil des Cinq cents, réunis dans la grande salle de
la Raison, décidèrent de construire en un temps très bref, l’église sur le mont
Berico. Le manuscrit dit encore: «Une fois la décision prise, les gens confiant
en Dieu dans le quel ils mettaient tout leur espoir et dans la recommandation de
la Vierge glorieuse, la construction de l’église fut commencée le 25 août de
l’année 1428». Vingt-quatre jours seulement après la seconde apparition.
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